Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
madamez
27 mars 2007

textes prévert

Liste des poèmes « pour faire le portrait de Prévert »(Spectacle du 20 mars)

Pour faire le portrait d’un oiseau

Peindre d’abord une cage
Avec une porte ouverte
Peindre ensuite
Quelque chose de joli
Quelque chose de simple
Quelque chose de beau
Quelque chose d’utile
Pour l’oiseau
Placer ensuite la toile contre un arbre
Dans un jardin
Dans un bois
Ou dans une forêt
Se cacher derrière l’arbre
Sans rien dire
Sans bouger…

Parfois l’oiseau arrive vite
Mais il pourrait aussi mettre de longues années
Avant de se décider
Ne pas se décourager
Attendre
Attendre s’il le faut pendant des années
La vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau
N’ayant aucun rapport
Avec la réussite du tableau

Quand l’oiseau arrive
S’il arrive
Observer le plus profond silence
Attendre que l’oiseau entre dans la cage
Et quand il est entré
Fermer doucement la porte avec un pinceau
Puis effacer un à un tous les barreaux
En ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau


Faire ensuite le portrait de l’arbre
En choisissant la plus belle de ses branches
Pour l’oiseau
Peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
La poussière du soleil
Et les bruits des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
Et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter
Si l’oiseau ne chante pas
C’est mauvais signe
Signe que le tableau est mauvais
Mais s’il chante c’est bon signe
Signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
Une des plumes de l’oiseau Et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau

Familiale

La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu’est-ce qu’il fait le père ?
Il fait des affaires
La femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils et le fils
Qu’est-ce qu’il trouve le fils ?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils de sa mère fait du tricot son père des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires les affaires
La vie avec le cimetière

Chanson pour les enfants l’hiver

Dans la nuit de l’hiver

galope un grand homme blanc

galope un grand homme blanc

C’est un bonhomme de neige

avec une pipe en bois

un grand bonhomme de neige

poursuivi par le froid

Il arrive au village

il arrive au village

voyant de la lumière

le voilà… rassuré‚   

Il arrive au village

il arrive au village

Dans une petite maison

il entre sans frapper

Dans une petite maison

il entre sans frapper

et pour se réchauffer

et pour se réchauffer

s’assoit sur le poêle rouge

et d’un coup disparaît

ne laissant que sa pipe

au milieu d’une flaque d’eau

ne laissant que sa pipe

et puis son vieux chapeau...

la grasse matinée

Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l'homme
la tête de l'homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde
dans la vitrine de chez Potin
il s'en fout de sa tête l'homme
il n'y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n'importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête
et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours
Ça ne peut pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière ce vitres
ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégées par les flics
flics protégés par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines..
Un peu plus loin le bistrot
café-crème et croissants chauds
l'homme titube
et dans l'intérieur de sa tête
un brouillard de mots
un brouillard de mots
sardines à manger
oeuf dur café-crème
café arrosé rhum
café-crème
café-crème
café-crime arrosé sang !...
Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
l'assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro franc soixante-dix
deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.

CHARADE
LE ROI 
Fais-moi rire, bouffon. 
LE BOUFFON 
Sire, votre premier ministre est un imbécile, votre second ministre un idiot, votre troisième ministre un crétin, votre quatrième ministre… 
LE ROI 
( saisi de grande hilarité) 
Arrête, bouffon, et dis-moi la solution. 
LE BOUFFON 
La solution, Sire: vous êtes le roi des cons.

LE CANCRE

Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur

Les animaux ont des ennuis

Le pauvre crocodile n’a pas de C cédille

On a volé les ailes de la pauvre grenouille

Le poisson scie a des soucis

Le poisson sol ça le désole

Mais tous les oiseaux ont des ailes

Même le vieil oiseau bleu

Même la grenouille verte

Elle a deux L avant l’E

Laissez les oiseaux à leur mère

Laissez les ruisseaux dans leur lit

Laissez les étoiles de mer

Sortir si ça leur plait la nuit

Laissez les p’tits enfants briser leur tirelire

Laissez passer le café si ça lui fait plaisir

La vieille armoire normande

Et la vache bretonne

Sont parties dans la lande

En riant comme deux folles

Les petits veaux abandonnés

Pleurent comme des veaux abandonnés

Car les petits veaux n’ont pas d’ailes

Comme le vieil oiseau bleu

Ils ne possèdent à eux deux

Que quelques pattes et deux queues

Laissez les oiseaux à leur mère

Laissez les ruisseaux dans leur lit

Laissez les étoiles de mer

Sortir si ça leur plait la nuit

Laissez les éléphants ne pas apprendre à lire

Laissez les hirondelles aller et revenir

DÉJEUNER DU MATIN

Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis
Son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré.

. UN BEAU MATIN

Il n'avait peur de personne
Il n'avait peur de rien
Mais un matin un beau matin
Il croit voir quelque chose
Mais il dit Ce n'est rien
Et il avait raison
Avec sa raison sans nul doute
Ce n' était rien
Mais le matin ce même matin
Il croit entendre quelqu'un
Et il ouvrit la porte
Et il la referma en disant Personne
Et il avait raison
Avec sa raison sans nul doute
Il n'y avait personne
Mais soudain il eut peur
Et il comprit qu'Il était seul
Mais qu'Il n'était pas tout seul
Et c'est alors qu'il vit
Rien en personne devant lui

Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas

Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
e dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas

Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sur la mer
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara

Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien

Les belles familles

Louis I
Louis II
Louis III
Louis IV
Louis V
Louis VI
Louis VII
Louis VIII
Louis IX
Louis X (dit le Hutin)
Louis XI
Louis XII
Louis XIII
Louis XIV
Louis XV
Louis XVI
Louis XVII
Louis XVIII
et plus personne plus rien...
qu'est-ce que c'est que ces gens-là
qui ne sont pas foutus
de compter jusqu'à vingt ?

Chanson des escargots qui vont à l’enterrement

A l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots  s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes réssucitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voila le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L'autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C'est moi qui vous le dit
Ça noircit le blanc de l'oeil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C'est triste et pas joli
Reprenez vous couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent a chanter
A chanter a tue-tête
La vrai chanson vivante
La chanson de l'été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C'est un très joli soir
Un joli soir d'été
Et les deux escargots
S'en retournent chez eux
Ils s'en vont très émus
Ils s'en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais la haut dans le ciel
La lune veille sur eux.

Soyez Polis

Couronné d'étincelles

Un marchand de pierre à briquet

Elève la voix le soir

Dans les couloirs de la station Javel

Et ses grands écart de langage

Déplaisent à la plupart des gens

Mais la brûlure de son regard

Les rappelle à de bons sentiments

Soyez polis

Crie l'homme

Soyez polis avec les aliments

Soyez polis

Avec les éléments avec les éléphants

Soyez polis avec les femmes

Et avec les enfants

Soyez polis

Avec les gars du bâtiment

Soyez polis

Avec le monde vivant

. II

Il faut aussi être très poli avec la terre

Il faut les remercier le matin en se réveillant

Il faut les remercier pour la chaleur

Pour les arbres

Pour les fruits

Pour tout ce qui est bon à manger

Pour tout ce qui est beau à regarder

A toucher

Il faut les remercier

Il ne faut pas les embêter...

Les critiquer

Ils savent ce qu'ils ont à faire

Le soleil et la terre

Alors il faut les laisser faire

Ou bien ils sont capables de se fâcher

Et puis après

On est changé

En courge

En melon d'eau

Ou en pierre à briquet

Et on est bien avancé...

Le soleil est amoureux de la terre

Ça les regarde

C'est leur affaire

Et quand il y a des éclipses

Il n'est pas prudent ni discret de les regarder

Au travers de sales petits morceaux de verre fumé

Ils se disputent

C'est des histoires personnelles

Mieux vaut ne pas s'en mêler

Parce que

Si on s'en mêle on risque d'être changé

En pomme de terre gelée

Ou en fer à friser

Le Soleil aime la terre

La terre aime le soleil

Et elle tourne

Pour se faire admirer

Et le soleil la trouve belle

Et il brille sur elle

Et quand il est fatigué

Il va se coucher

Et la lune se lève

La lune c'est l'ancienne amoureuse du soleil

Mais elle a été jalouse

Et elle a été punie

Elle est devenue toute froide

Et elle sort seulement la nuit

Il faut aussi être très poli avec la lune

Ou sans ça elle peut vous rendre un peu fou

Et elle peut aussi

Si elle veut

Vous changer en bonhomme de neige

En réverbère

Ou en bougie

En somme pour résumer

Deux points ouvrez les guillemets

" Il faut que tout le monde soit poli avec le monde ou alors:

il y a des guerres ... des épidémies des tremblements de terre

des paquets de mer des coups de fusil ...

Et de grosses méchantes fourmis rouges qui viennent vous

   dévorer les pieds pendant qu'on dort la nuit. "

Texte narratif  du spectacle

extrait du texte « Enfance » dont vous pouvez trouver l’intégralité dans le recueil

« Choses et autres »

1906 Neuilly sur Seine….

.Souvent au bois ,un cerf traversait une allée .Un peu partout les gens mangeaient, buvaient, prenaient le café. Un ivrogne passait et hurlait : »dépêchez vous !mangez sur l’herbe, un jour ou l’autre, l’herbe mangera sur vous ! »…..

il y avait des gens qui faisaient la musique, qui chantaient , qui faisaient la fête, qui faisaient la gaité, et ceux qui, à voix basse, s’engueulaient autour de guéridon, étaient tout de même sous le charme et leurs injures ,leurs pauvres menaces, on aurait dit qu’il les chantaient……

Et puis Printania, un grand café concert en  plein air …et quand la nuit était belle le toit du théatre  s ‘en allait , les étoiles aussi pouvaient contempler le spectacle…des chanteurs. Il y en avait un qui était drôle comme tout .Et pourtant il était tout en noir triste, et avec une tête à pleurer tout le temps….

Il chantait : »J’ai la neurasthénie, c’est rigolo ,oh, oh »et tout le monde se tordait de rire ,même mon père .Pourtant il en avait lui,  de la neurasthénie.

« c’est à la mode, disait il mais je m »en passerais bien : la tristesse qui s’installe dans votre tête et qui va et vient ,là, comme chez elle »….

On allait aussi dans un petit chemin de fer au jardin d’Acclimatation…

Les plantes étaient grandes comme des arbres….Dans les serres, c’était toujours le silence ,même quand il y avait du monde.

Devant les bêtes ,les gens parlaient très fort…surtout devant les singes .Mais devant les plantes, ils se taisaient, comme dans les églises, et c’est à voix basse qu’ils lisaient les noms écrits en latin, sur de petites pancartes .Tout était vert , même la chaleur, et les gens n’étaient pas habitués…

Ce fut ma mère qui m’apprit à lire, puisqu’il fallait bien y passer. Avec un alphabet, bien sûr, mais surtout avec l’Oiseau Bleu, avec la Belle et la Bête…avec les Musiciens de la Ville de Brême

Comme toutes les plus belles filles du monde , ma mère avait aussi les plus beaux yeux et d’un bleu tellement bleuet tellement souriant .Des fois elle rougissait ou plutôt devenait toute rose et elle était comme les reines qu’on peint sur les tableaux …Mais elle était bien plus vivante qu’une actrice, tout ce qu’elle faisait était vrai…C’était une étoile de la vie…

Mon père et ma mère ne riaient pas autant ensemble mais ça se voyait qu’ils s’aimaient beaucoup…

Mon père ,lui, commentait les choses ,en tirait la « moralité » et comme je l’amusais ,le fâchais, le décevais et l’intriguais tout à la fois ,il m’expliquait, il me disait comment j’étais dans le fond .Ma mère ,jamais :elle me savait…

(Mon Père)Il travaillait à la « Providence »,une grande Compagnie d’assurance de Paris ,rue de Gramont, près de l’Opéra-Comique .Mais les accidents, les incendies, ça ne l’intéressait que médiocrement.

« Je fais en attendant »…mais il ne donnait aucune précision sur ce qu’il attendait

C’est le docteur  Tollmer qui nous soigne…

« C’est tout simple , le santé ..mais il faut la garder ,.sortir les enfants par n ‘importe quel temps et la teinture d’iode s’ils sont enrhumés :10 gouttes dans du lait ….Et puis bien entendu, l’huile de foie de morue… »

Ca il aurait mieux fait de se taire , le bon docteur Tollmer, mais on ne lui en veut pas puisqu’il soigne très bien papa qui « jouit d’une très délirante santé » :l’enthérite, les courbatures, la dépression nerveuse, la mélancolie.

« Freinez un peu le vélo ….et les appéritifs aussi ;un jour ou l’autre ,il faudra bien vous y décider. »…

…mon père hausse les épaules :  « Il est bien gentil avec sa mélancolie, sa neurasthénie .J’ai tout simplement le mal du pays, le mal de la Provence ! »

Peu de temps après il (mon père)demande un congé à la Providence…et prend le train pour le Pont du Gard où habite un de ses amis

Nous recevons des cartes postales du Pont du Gard…et quand il revient ,nous sommes très heureux de le revoir, d’autant plus qu’il nous dit très émus , combien nous lui avons manqué….

Et l’on partait ,nous aussi, en vacances .pas en Provence ,mais en Bretagne.

Les vacances, c’était pour mon frère ne plus aller à l’école ,pour mon frère ne plus aller à l’école, pour mon père échapper à la Providence, pour ma mère ,se reposer si elle le pouvait, pour moi c’était la mer…La mer , je courais après elle ,elle courait après moi ,tous les deux on faisait ce qu’on voulait .C’était comme dans les contes de fées :elle changeait les gens .A peine arrivés ,ils n’avaient plus la même couleur , ni la même façon de parler…on aurait des autres

Elle changeait aussi les choses et elle les expliquait .Avec elle, je savais l’horizon, le flux , le reflux ,le crépuscule, l’aube, le vent qui se lève ,le temps qui va trop vite et qui n ‘en finit plus… et un tas de choses qui me plaisaient et que, loin d’elle ,très vite, j’oubliais

Les vacances finies ,on rentrait et une fois mon père nous montra , par la portière, le petit village d’Ancenis.

« Regarde bien Ancenis ,et si tu ne l’as pas vu ,tu n’as rien perdu .Dans son petit séminaire, j’ai fait mes études, c’est l’endroit où j’ai le plus souffert de ma vie .Ils étaient odieux et cruels avec les enfants qui les aimaient pas .Maintenant , quand tu m’entendras crier me cauchemars, tu sauras ce qu’il y a dedans .Ta mère d’ailleurs, le sait depuis longtemps …car elle aussi.. »

« Oh moi ce n’est pas pareil. .je n ‘oublie pas , bien sûr, mais ça ne ma donne pas de mauvais rêves. »….

…..elle sort le chat Sigurd du panier, le prend dans ses bras .. ;comme un enfant

« si tu m’aimes ,Sigurd, remue l’oreille une fois. »

Et Sigurd remue l’oreille.

« Et Jacques.. ;si tu l’aimes, remues deux fois. »

Sigurd remue deux fois

« Et André ?Situ l’aimes ,remue l’oreille trois fois. »

et Sigurd ne remue pas l’oreille du tout.

Mon père hausse les épaules ,vexé ….

.. ; « n’est ce pas que tu l’aimes bien André et même que tu l’aimes beaucoup ? »

Et Sigurd remue les deux oreilles à toute vitesse comme un petit âne incommodé par les mouches .

J’ai mis longtemps à comprendre le truc et pourtant c’était d’une simplicité enfantine, un souffle ,un rien .Ma mère ,imperceptiblement ,soufflait sur l’oreille du chat en temps utile.

« Ta mère, c’est une fée »disait papa

C’est pour cela que j’avais peur, quand elle me lisait des contes, qu’elle disparaisse dans l’histoire comme les fées .. ;

…l’automne s ‘attardait un peu pour prolonger ses adieux, et c’était l’hiver avec ses histoires déchirantes de ramoneurs perdus dans la neige comme les pauvres à Paris dans les rues.

Ma mère attendait le printemps ;elle était soucieuse ….parce qu’elle attendait aussi un bébé en même temps .C’est pas grand ,un bébé, mais je me demandais comment il allait tenir la dedans …..Un jour,.. .ma mère se couche .Elle était pas bien , elle avait grossi un petit peu ,elle avait l’air fatiguée… ;tout autour du lit , les gens disaient :

« Qu’est ce que tu préfères ….qu’est ce que vous préférez ,une fille ou un garçon.. ,une fille ,ça vous changerait ! »

« pourquoi choisir d’avance » disait maman « je préférerai celui ou celle que j’aurai »

Moi , j’étais inquiet ,les nouveaux-nés me faisaient plutôt peur .Ceux que j’avais vus n’avaient pas l’air heureux, on aurait dit des petits vieux… Ceux que j’avais vus n’avaient pas l’air heureux, on aurait dit des petits vieux…. ;ils commençaient des, gestes, mais ne les finissaient pas, comme des jouets mécaniques dont on a perdu la  clé….

Un beau jour ,on dit toujours un beau jour ,mais celui là n’était pas plus beau que les autres , au contraire ,ma mère parut tout à coup plus malade qu’on me l’avait dit et mon père beaucoup plus nerveux que d’habitude .Il se disputait avec grand-mère Sophie qui nous racontait des histoires de choux, de cigognes…..Une grosse bonne femme traversait tout le temps l’appartement avec des seaux remplis de coton taché de sang.

C’était comme à l’hôpital , le jour des amygdales.

Et mos frère arriva…

…Pierre ,c’était le nom de mon petit frère, je trouvais que pour un nouveau-né ,il avait l’air plutôt jeune lui aussi…,et , que sans doute pour faire plaisir à ma mère, je déclarai que je l’aimerai beaucoup.

Plus tard , ce que j’avais dit devint vrai, mais je mis beaucoup de temps avant de m’en apercevoir.

Peu d temps après la naissance de mon frère, nous déménageons .c’est la première fois, ça m’amuse beaucoup lais mon père et ma  mère, pas du tout .Nous avons beaucoup d’ennuis , paraît il , et naturellement, comme toujours, des ennuis d’argent .Mais cette fois, il paraît que « ça dépasse les limites ».

« Plein la malle jusqu’au cadenas »dit papa.

Il a perdu sa situation .Il ne tenait pas tellement à elle et elle , sans doute ,pas davantage à lui…

…Nous habitons maintenant rue Jacques Dulud ,un petit rez de chaussée assez sombre…

…nous ne vivons plus pareil. Au café de l’Hotel-de-Ville, mon père y va de moins en moins souvent et quand il y va, boit beaucoup plus modestement…

…A la maison, on mange froid presque tous les jours .A moi ça me plait , j’aime beaucoup la charcuterie, les sardines à l’huile, le roquefort….

Et ma mère allait faire les courses tout comme mon pères allait au bar, à crédit….

…Mais ils avaient dire, beau chanter et rire, je savais qu’à la maison, il y avait quelque chose d’ abimé Heureusement que ma mère  m’a déjà appris à lire .Aujourd’hui , avec le bébé , elle n’aurait pas le temps.

Alors je lis et même , quand ça fait peur ou que ce n’est pas gai, ça m’empêche de penser à ce qui est triste pour de vrai.. Et puis , j’aime lire. J’en ai pris très vite l’habitude…

…Je n’aime pas « Les lettre  de mon moulin », je n’aime pas « le sous-prefet aux champs « qui faisait des vers en mâchonnant des violettes….

…Je préfère les autres , tous les autres, tous les livres des autres ….

…le soir, je lis très tard avec la veilleuse allumée…

Ainsi les nuits passaient très vite, sauf quand mon père , qui avait ses « cauchemars » me réveillait :

« Ne m’arrachez pas mes chaussettes, j’ai des engelures, ça m’écorche les pieds…Non ,je ne veux pas qu’on m’enferme dans un cabinet noir » Je ma levais , le secouais un peu, il se réveillait, m’embrasait, ou alors c’était lui qui sautait du lit et venait me raconter ses mauvais rêves pour s’en débarrasser…

Un beau jour….D’un coup de baguette magique, de magie noire disait papa, un sorcier à tête d’huissier était venu et tout avait disparu, sauf les lits, une table, la plus petite, quatre chaises, le berceau de Pierrot, ma ferme, mon cirque, mon cochon en carton et Sigurd.

Comme c’est grand maintenant chez nous, Sigurd  a toute la place pour sauter, courir, on se croirait au concours hippique et sur la petite table , on mange, mon frère fait ses devoirs et mon père écrit mais, heureusement , pas tout cela en même temps.

Ce que mon père écrit et sans arrêt, c’est seulement des enveloppes …. C’est toujours « en attendant »…

Un soir, rentrant fort tard, il annonce à maman que c’est chose faite et qu’il a trouvé… enfin  qu’on lui a fait une excellente proposition :

« Une porte ouverte , c’est un peu loin évidemment mais en plein soleil ! »…

A la gare de Lyon, un soir, nous prenons le train pour Toulon…..

Toulon…Je suis couché, il y a un docteur dans la chambre, ce n’est pas le docteur Tollmer, c’est un docteur avec une voix qui chante.

« Il va mieux , encore un peu de délire, je ne crois pas à une fièvre cérébrale, une insolation, un malaise passager. »

Mon père et ma mère parlent aussi et très loin, et dans ma tête une grosse pierre tourne, s’avance ,recule, s’en va et puis des chiffres arrivent, des chiffres qui se comptent tout seuls sans jamais s’arrêter.

Et puis tout ça s’en va . J’ai faim, j’ai soif et je me lève, je vais à la fenêtre…

C’est beau.Une grande place avec des platanes et puis des diligences comme en Amérique et leurs chevaux qui rêvent au soleil, un soleil très doux qui se promène doucement dans le vert des branches.

C’est la place Armand Vallée où nous habitons, au dessus du bistrot d’un hôtel, une chambre avec trois lits ,un papier peint tout déchiré et des petits cancrelats qui trottent sur une carpette usée. J’entre en convalescence, pas une grande, ça dure à peine deux jours.

Et l’hiver venait .Au bureau de l’hôtel, en buvant un verre qu’il faisait marquer, mon père demandait s’il n’y avait pas une lettre pour lui.

« Pas de courrier » répondait l’hôtelier.

« C’est gai », disait mon père…

Une fois , il reçut un télégramme , le regarda longtemps, but un verre, puis un autre, déchira le télégramme et le jeta au vent, sans le lire.

« mon petit, les télégrammes , c’est toujours des mauvaises nouvelles. »

…. L’hiver avait beau s’annoncer radieusement, l’hôtelier devenait de moins en moins aimable et ma mère semblait quelquefois gagnée par la tristesse de mon père.

….Un soir ,mon père m’emmena sur le quai Cronstadt et , ce soir-là, le quai était désert et froid et mon père était si désemparé que le petit clapotis de la mer , on aurait dit qu’il fredonnait une chanson triste, un mauvais air.

« Mon petit, à force de tirer la corde , elle finit par casser , eu bout du fossé la culbute, et j’en passe .Je vous aimais trop ou pas assez. Moi parti, ON s’occupera de vous et ça leur servira de leçon. »

« T’es fou ,papa ? »

« Ton père c’est comme un chien abandonné , adieu mon petit. Je vais me fiche à l’eau. Surtout n’oublie pas de dire à ta mère que je l’ai beaucoup aimée. »…

« Allons papa, fais pas de bêtise. »

« Je n’ai pourtant rien bu ».. ;

« J’ai pas dit ça, allez, rentrons. »

Et j’emmène mon père par la main comme un père emmène son petit garçon.

A l’hôtel ,mon père s’arrête un instant au comptoir et je raconte à ma mère cette pauvre histoire…..

« N’aie pas peur, il m’a déjà à fait le coup à moi aussi….

Le lendemain, au un autre jour …,mon père reçoit une lettre recommandée.

« Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? »

« Ni bonne ni mauvaise, une bouée de sauvetage de rien du tout !…mais ça vaut tout de même mieux qu’une pierre au cou …Demain, nous rentrons à Paris »

Paris , 1907.

Dès notre arrivée, nous allons dans un petit hôtel proche de la gare

« On ne pouvait aller plus loin » dit ma mère.

« Ni descendre plus bas » dit papa en nous quittant.

L’hôtel est sale et gris, mais le poêle est tout rouge et les gens qui se chauffent autour sont tous gentils  ma mère et aux petits soins pour elle , car avec Pierrot, elle ne peut rester dans la chambre qui n’est pas chauffée .Moi je vais me promener dans la gare et tout autour.

A paris ,il y a beaucoup plus de bruit qu’ à Toulon et tout va si vite, tout est si froid, qu’en courant je rentre à l’hôtel où un peu plus tard , mon père arrive à son tour et nous dit …sans le moindre enthousiasme…  qu’il a ….trouvé une situation

« Dans les assurances ? »

« Non , 175 Boulevard Saint Michel où ton grand père est , si tu l’a oublié, Président de l’Office Central des Pauvres de Paris. »

« Qu’est ce que tu feras comme travail ? »

« J’irai visiter les pauvres pour savoir s’ils méritent qu’on leur vienne en aide . »

Rue de Vaugirard , près de l’Odéon.

C’est tout en haut notre logement …l’eau et le reste c’est sur l’escalier ; là on rencontre tout le temps les voisins ,comme ça on sait qui c’est.

…nos fenêtres donnent sur le ciel, l’une d’elles sur la cour de l’école…

Non ,c’est pas terrible l’école….C’est comme les copains m’ont raconté :on est assis toute la journée, on n’a pas le droit de bouger ,on guette les heures et on les écoute sonner.

Tout à fait comme les problèmes qu’on me posera un peu plus tard à la leçon d’arithmétique :

« Un élève entre en classe à 8 h 30 , en sort à 11 h 30, revient à 1 heure et s’en va à 4 heures. Combien de minutes s’est il ennuyé ? »

On peut soustraire les chansons des rues, la pluie et la grêle …et même , bien souvent la bonne humeur du maître ça fait tout de même un bon petit bout de temps ,les mains sur la table ou les bras croisés .Alors , j’attendais, j’attendais  …4 heures

Le jeudi , j’accompagnais souvent papa qui « allait faire ses enquêtes »….on allait voir les pauvres…

On allait partout , on entrait partout  comme à la fête, mais une grande fête triste, sans  musique et qui n’en finissait jamais…mais c’était toujours les rues des  quartiers les plus pauvres qui avaient les plus jolis noms ;la rue de la Chine ,la rue du Chat-qui-Pêche , la rue aux ours, la rue du Soleil ,la rue du Bois Doré…C’était sûrement les pauvres qui les avaient trouvé s , ces noms, pour embellir les choses.

Des fois, je restais dehors et même un jour , dans la rue des Alouettes, un gros chien m’a mordu les fesses.Ca , avec le jour où un grand bélier à Ville d’Avray , m’a fichu dans un étang, ce n’était pas un souvenir heureux….Quand parfois j’accompagnais mon père, ce n’était très agréable non plus  et , à côté, nos deux pièces à Paris me semblaient un palais.

Ce n’était pas comme au cinéma du Panthéon ,où nous allions toutes les semaines tous ensemble, puisqu’on emmenait Pierrot :qui l’aurait gardé !……

Derrière l’écran, il y avait un homme qui faisait tous les bruits  avec un petit attirail qui n’avait l’air de rien :des grelots, des papiers de verre, un sifflet ,un révolver , des marteaux ;et c’était l’orage, le vent et la mer ou le chant des oiseaux ….Le dimanche , quand c’atait un film de Far-West, un acteur, habillé en cow-boy, racontait le film en balançant son lasso. Une fois, pendant « Le Massacre », un film terrible où les indiens tuaient tous les soldats réfugiés derrière leurs chariots, la musique ,le bruit, les coups de feu, ça faisait un tel vacarme que les spectateurs mécontents hurlaient qu’ils ne voyaient plus rien….

En face de l’école , il y avait un bouquiniste où on trouvait un tas de choses : »Rifle d’or », « Morgan le pirate », « Texas Jack » et surtout , « Sitting Bull » que j’aimais beaucoup parce qu’il était indien et que les Indiens, c’était eux qui étaient dans leur droit, comme les noirs dans « La case de l’oncle Tom »…

Comme je fouillais  à l’étalage ,un jour je vis arriver des Américains :une petite fille, un petit garçon, avec leurs parents. Ils n’étaient pas habillés comme dans les films du Far-West mais leur père , ….était coiffé d’un véritable chapeau cow-boy, un Stetson , la marque était dedans.

Ils restèrent fort peu de temps mais , tout de suite on était devenu de grands amis.

Aujourd’hui ,ils sont loin , les « Américains »…Mais je peux m’arrêter dans cette rue , ils sont toujours là dans l’aujourd’hui de ce temps là, et chantent , et rient, disent au revoir et bonjour, à demain, et toujours en américain ,, avec la même couleur , la même fraîcheur et la  et la même ardeur .Et les chaises qu’on traînait par terre , dans les allées du Luxembourg, les déserts de l’Arizona, je pourrais encore suivre leur trace comme on retrouve un air sur un vieux disque aux sillons effacés.

Un soir, la pluie commençait à tomber ;je venais de quitter mes amis et , assis sur le trottoir malgré cette pluie , j’avais envie de pleurer.

Elle n’y était pour rien la pluie, mais je n’étais pas content de ma journée , je trouvais que la petite fille c’était une petite fille pour jouer, pour rire, mais pas comme souvent je rêvais , une petite fille à aimer….

De temps à autre, cela m’arrivait déjà de réfléchir, de causer avec moi , quand j’étais tout seul et par la suite , en grandissant , cela devint de plus en plus fréquent et quelquefois c’était très drôle, mais rarement ;

Beaucoup plus tard, j’avais dix ans , onze ans peu être, avec un billet de quai, j’entrai  dans les splendides souterrains de la gare d’Orsay, ….qui menaient en Bretagne , unique pays qui m’attirait

La musique du départ était belle  avec le charbon, les sifflets , la ferraille , mais je ne rêvais pas de partir tout seul ; j’aurais voulu emmener avec moi ceux que j’aimais  et avec qui j’étais parti la première fois….

Le train partait.

Les derniers voyageurs  arrivaient en courant avec des gestes essoufflés , une valise au bout du bras , et qui gesticulaient. Et voilà déjà le train un peu loin, comme un gibier manqué, et l’homme reste là avec sa valise tremblante, sur le quai .J’aurais dû l’aider, j’aurais dû courir avec lui, lui porter sa valise, rattraper l’heure, le temps, la lumière rouge disparue, l’espoir s’en est allé . J’avais les larmes aux .Et puis l’homme passa devant moi . Je le regardai . Et soudain, le plus simplement, le plus terriblement du monde , je compris (si comprendre veut dire cde qu’il veut dire)je compris qu’avec le train quelque chose de moi avait été emporté.

Cet homme , dans le fond , comme aurait dit mon père, je m’en fichais pas mal, mais ça m’embêtais ,c’était pas simple .Je me parlais comme on se parle d’homme à homme , de petit garçon à petit garçon ….

Et je rentrai .Avais-je appris sans le savoir l’  « indifférence » à qui si souvent ,je devais avoir recours plus tard .

Mais la rue était pareille , quand je rentrai à la maison , et  la maison semblable à la rue,….avec .. ;mon père, ma mère, mes frères, les chats , l’oiseau, le vin sur la table, le couvert mis pour pas grand chose. Ils ne me demandèrent pas ce que j’avais , d’où je venais .

C’étaient les « miens ».Ils me savaient tristes et ne cherchaient  qu’à me changer les idées.

Je les regardais, je les aimais .Ils m’aimaient et me regardaient .Enfin ,on se regardait

Ce jour là, je les aimais peut être davantage, mais j’étais dans un autre paysage .

Publicité
Publicité
Commentaires
madamez
Publicité
Publicité